Pour parler de mon travail, j’utiliserais les mots espace et silence :
- mon écriture, dans ces tableaux, s’est construite dans le silence de mon atelier. Je suis restée longtemps avec « noir ». Non pas le noir de la noirceur ou de l’épreuve, mais le noir qui est pour moi le noyau d’où émane la couleur. Ce noir était enrobé de silence.
- en ce qui concerne l’espace, il est pour moi ce qui donne naissance à la forme, cet instant de passage délicat, entre l’onde et la matière.
Dans cet entre-deux entre espace et silence, dans une attitude sobre, ma peinture est à la fois figurative et abstraite. L’objet devient prétexte pour un mouvement, une présence. Cela se traduit par des glacis à l’huile pour des effets subtils, ou du travail plus affirmé au couteau pour accentuer un trait , une forme.
Ce qui est recherché, attendu, espéré dans ce travail, c’est de ne rien imposer, mais de solliciter - chez celui qui se laisse entraîner à le découvrir - cet indicible qui réside entre les touches de couleur comme le silence entre des notes de musique.
Il n’y a rien à interpréter, simplement se laisser pénétrer comme si la toile avait quelque chose à nous dire.
Cet indicible touche à l’espace, au silence et à ce que les mots peuvent difficilement exprimer.
Quelques points, quelques lignes, un velouté de gris, une trace de pigment, un sujet comme absorbé par toute cette activité graphique, voilà le travail qui naît sous cette main de sensibilité exacerbée de doute et de recherche. L’œuvre naît, elle s’offre à la vue du spectateur qui devient acteur par le choix qu’il en fera.
Alchimie d’une artiste, proposition d’esthétique mystérieuse, sensibilité à fleur de peau… à découvrir dans le bouillonnement des cornues.
« A Nout Lequen
qui murmure l’indicible avec finesse, comme des linges de soies, de lins fins, de lumière légère, qu ‘elle poserait tout en douceur dans les recoins de nos pensées, de nos désirs, entre deux portes, sur une table, ailleurs, où l’on veut…